Solann et son univers envoûtant invités à Aix

Chanteuse aux accents mélancoliques, révélée par le titre « Rome » sorti en 2023, Solann sera à l’affiche de la deuxième édition du Super Moustache Festival. Depuis la sortie de l’album Si on sombre ce sera beau et les trois nominations aux Victoires de la musique qui suivirent, elle enchaîne les scènes. Jusqu’à rejoindre celle d’Aix-en-Provence, pour la première fois, ce 12 septembre.

 Elle qui a grandi dans l’univers théâtral, auprès d’un père comédien, se retrouve aujourd’hui sur le devant de la scène musicale. Un accomplissement auquel elle ne s’attendait pas. À seulement 25 ans, Solann s’est vu attribuer le prix de la révélation féminine aux Victoires de la musique en janvier dernier. Un début d’année haut en couleur, annonciateur de l’intensité des mois qui suivirent pour l’artiste, qui se ne cesse de se dévoiler sur scène. 

Jusqu’en mai 2026, Solann enchaînera les représentations entre la France et la Belgique, en passant par des scènes aussi prestigieuses que celles de l’Olympia ou du festival Les Vieilles Charrues. Elle qui se définit comme une « timide maladive », se prête à un exercice qui ne lui est pas aisé, la poussant à sortir continuellement de sa zone de confort. Ces accomplissements musicaux, malgré le défi qu’ils représentent, constituent surtout une grande fierté pour elle, qui confie n’avoir « pas osé rêver d’atteindre de tels objectifs ». Si elle a toujours voulu faire de son art un métier, elle n’a pas attendu le succès qu’elle connaît aujourd’hui pour être heureuse de sa vie d’artiste.

D’une grande sensibilité, la chanteuse a toujours été attirée par les histoires que l’art et les mythes peuvent transmettre et qui parfois la bouleversent. « J’ai toujours aimé les artistes qui sont déprimants », concède t-elle. À l’image de ce qui la touche, une grande mélancolie se dégage de la poésie chantée de Solann. Ce sont aussi ses inspirations de toujours qui l’ont guidée vers le style musical qu’elle embrasse aujourd’hui. De la musique folk d’Hozier, à la créativité avec laquelle Fiona Apple conte en musique, la jeune femme se retrouve dans ce qu’elle appelle de la « pop-folk éthérée ». 

Ses compositions façonnent un monde unique. Un univers marqué par ce que vivre en tant que femme implique et qui n’ignore pas non plus les injustices et l’état d’un monde prêt à « se péter la gueule ». Avec Si on sombre ce sera beau, l’artiste déclare ses intentions dès le titre de son album. Elle expose la souffrance, pour « en faire ce que les humains savent faire de mieux, de jolies choses ». L’indignation sociale avec Comme les animaux, la violence sexuelle avec Les draps, ou encore la santé mentale avec le titre Mayrig, sont autant de thèmes forts dont l’autrice-compositrice s’empare avec douceur mais puissance. Parmi les treize titres qui composent l’album, elle confie être particulièrement fière de l’écriture de L’Oiseau. Malgré son évocation de la mort, elle en retire de cette chanson une forme d’apaisement paradoxal. Elle confie à ce propos : « ça reste la plus joyeuse que j’ai pu faire, elle me fait beaucoup de bien ».

L’univers singulier de Solann a su séduire le rappeur marseillais Zamdane, qui a souhaité mêler leurs voix dans l’un des titres de son dernier album, Rahma. Ensemble, ils mettent en musique le doute et la solitude à travers le morceau Tu me verras. Une occasion pour la chanteuse de se rapprocher du milieu du rap, qu’elle apprécie beaucoup mais auquel elle s’était encore peu mêlée. Elle avoue avoir été d’autant plus conquise par cette collaboration en raison de son attachement pour Marseille. S’y déplacer pour le travail étant une perspective plus réjouissante qu’un énième rendez-vous à la capitale. « Marseille, ça reste ma ville de cœur, moi j’ai besoin de soleil, j’ai besoin du Sud », confie celle qui a passé plusieurs années de sa vie de Provence et qui l’évoque d’ailleurs dans son titre Marcher droit. 

Elle se réjouit donc de retrouver le soleil provençal à l’occasion de cette deuxième édition du Super Moustache Festival, et confie même avoir « supplié [son] équipe de prévoir des dates dans le Sud Est ». Cet évènement, organisé par le groupe Deluxe, a pour ambition d’offrir un moment marquant, empreint de joie et de bienveillance. Une belle opportunité pour Solann justifie son enthousiasme par ces quelques mots : « parce que c’est chez moi, parce que ça me manque, que c’est une très très bonne énergie. » Et, à n’en pas douter, ce sera beau. Très très beau.

Cara Fabre & Ahès Fabre
Photos : Clémentine Ecobichon