À l’occasion du centenaire du célèbre logo au losange, la Fondation Vasarely présente une exposition inédite qui revisite ce symbole culte du dialogue entre art et industrie. Grâce au Fonds Renault pour l’Art et la Culture, l’industriel automobile retrouve à cette occasion la famille Vasarely, dont Victor et son fils Yvaral avaient repensé l’identité visuelle dans les années soixante-dix.
Trois artistes pour créer, deux mois pour réaliser, une forme à sublimer. Le losange, motif majeur de l’« alphabet plastique » de Victor Vasarely, fait office de structure commune. Arthur Dorval, Sébastien Preschoux et Olivier Swiz ont produit des œuvres personnelles et collectives, certaines réalisées lors d’une résidence à la Fondation, d’autres au sein de leurs ateliers respectifs. Les trois artistes plasticiens mettent en relation la création contemporaine avec l’art optico-cinétique, jeu sur l’ambivalence de la perception d’un mouvement apparent ou réel. Le projet est né sous l’impulsion de Karim Boukercha, réalisateur et auteur expert en art urbain, qui assure le commissariat de l’exposition.
Le travail s’inscrit ainsi en adéquation avec les formes de la Fondation aux 16 alvéoles hexagonales, conçue comme un « centre architectonique » intégrant art et architecture. Les artistes ont donc été amenés à penser des volumes et perspectives qui interagissent avec l’espace bâti et les œuvres déjà sur place.

L’exposition se développe en plusieurs espaces distincts. La salle 14 H, souvent utilisée comme atelier, accueille trois tableaux monumentaux en noir et blanc, divisés en 8 unités d’1 mètre sur 1 mètre. Ces œuvres polyptyques sont le fruit de la fusion de trois tableaux réalisés séparément avec une structure commune, basée précisément sur un angle diagonal de 62,5°. Celui du logo Renault évidemment. Ce format revendique une approche collaborative et cherche à générer des « accidents graphiques aléatoires ». Plus loin, une vidéo recomposant les tableaux dévoile le processus créatif.
La visite se poursuit dans le bureau de Vasarely, exceptionnellement ouvert au public. L’installation immersive faite de peintures murales, jeu d’abstraction chromatique sur le sol et de fils tendus, invite à déambuler dans la pièce pour se laisser prendre par les effets d’optique kaléidoscopiques. Une œuvre de Vasarely (NB 22 Caope) reste dans ce bureau et illustre un principe capital des recherches de Vasarely : le losange est un carré en mouvement.
L’espace est perçu à travers une pluralité de médiums. Par exemple, Olivier Swiz utilise la superposition de strates en bois dans son œuvre modulaire « Au-delà du plan ». Les zones ajourées de sa sculpture offrent une nouvelle perspective sur les œuvres de Vasarely. Il nous confie avoir « samplé » les couleurs de la pièce, pour créer un jeu d’harmonie avec le travail du plasticien. Sébastien Preschoux a créé une structure filaire losangique monumentale, dont l’anamorphose dynamique offre des perspectives inédites grâce à un équilibre subtil trouvé entre les couleurs primaires et noir et blanc puisées des peintures de la pièce. L’espace est également activé par le public : la Structure n° 1 d’Arthur Dorval, un relief miroitant, prend sens et s’anime sous l’effet des mouvements des spectateurs. Une invitation à la promenade et au dépaysement… où les voitures restent au garage.
Dialogues avec le losange, jusqu’au 19 février 2026, à la Fondation Vasarely.
Du mercredi au dimanche de 10h30 à 17h30.

Paul Oliva